Bâtiment et Construction

Schéma Directeur Immobilier et Énergétique (SDIE) : un levier stratégique pour la gestion du patrimoine public

Le 12/05/25 par William ALLEMAND, Consultant spécialiste en gestion et exploitation de patrimoine bâti

 

Ingénieur spécialisé dans la gestion et l’exploitation du patrimoine bâti, William ALLEMAND est le président fondateur de la société Odigo Conseil (services de conseil et d’assistance à maîtrise d’ouvrage) et de Novamap.

Pour CFC Formations, William ALLEMAND anime des formations en Stratégie immobilière et plan stratégique de patrimoine, ainsi que le BIM (Bâtiments et Informations Modélisées).

 

 

 

Le Schéma Directeur Immobilier et Énergétique (SDIE) est un outil devenu indispensable pour les acteurs publics afin d’optimiser la gestion de leurs patrimoines immobiliers tout en intégrant des objectifs de transition énergétique. 

Né d’une nécessité de rationaliser les ressources et d’adapter les bâtiments aux nouveaux défis économiques, environnementaux et sociaux, le SDIE est particulièrement utilisé par les collectivités locales, les établissements publics, et les universités. 

Avec la montée en puissance des impératifs énergétiques, notamment suite au décret tertiaire, le SDIE est désormais essentiel pour concevoir une stratégie immobilière à long terme. Voici l’essentiel de ce que vous devez savoir à ce sujet.

 

 

Qu’est-ce que le Schéma Directeur Immobilier et Énergétique et qui est concerné ?

Le SDIE est une feuille de route à long terme (généralement sur 10 ans), qui vise à planifier et coordonner les actions de gestion, de rénovation et d’amélioration énergétique du patrimoine immobilier public. Ce document est crucial pour répondre aux besoins en infrastructures, tout en tenant compte des obligations environnementales et des contraintes budgétaires.

 

Bien qu’il puisse s’appliquer au secteur privé, le SDIE est principalement conçu pour les acteurs publics. Il concerne :

 

Les collectivités locales et territoriales

Bien qu’elles n’y soient pas légalement tenues, de nombreuses collectivités ont adopté le Schéma Directeur Immobilier et Énergétique (SDIE) comme outil de référence en matière de gestion patrimoniale. Cette démarche s’est largement diffusée, notamment en réponse à la baisse des dotations de l’État et à la mise en œuvre du décret tertiaire.

 

 

Les établissements publics de l’État

Ces structures doivent élaborer un Schéma Pluriannuel de Stratégie Immobilière (SPSI), document exigé dans le cadre de leur dialogue avec la Direction Immobilière de l’État (DIE). Ce schéma poursuit des objectifs similaires au SDIE, tout en intégrant des exigences spécifiques au cadre étatique.

 

 

Les établissements publics de santé

En lien avec les Agences Régionales de Santé (ARS), ces établissements ont l’obligation de présenter un programme d’investissement immobilier. Celui-ci s’inscrit généralement dans un SDIE ou un SPSI et vise à assurer la conformité des infrastructures aux normes de performance et de sécurité.

 

 

Les universités

Depuis la loi LRU de 2007, les universités doivent mettre en place des outils de gestion et de pilotage – notamment des plans pluriannuels d’investissement – pour accéder à l’autonomie. Ces dispositifs sont fréquemment articulés autour d’un SDIE.

 

 

Ainsi, toutes ces institutions sont appelées à planifier et structurer leur stratégie immobilière en tenant compte de leur mission de service public, de leurs objectifs stratégiques, de leurs contraintes budgétaires, et des exigences en matière de transition énergétique.

 

 

Les grands enjeux du SDIE

Le SDIE répond à plusieurs enjeux majeurs pour les acteurs publics :

  • L’optimisation de la gestion des bâtiments : le SDIE permet de rationaliser l’usage des biens immobiliers en répondant aux questions de long terme telles que : « Faut-il rénover, vendre ou se désengager de ce bâtiment ? ». Chaque décision repose sur des critères techniques, financiers et énergétiques.
  • La transition énergétique : avec l’inclusion de l’aspect énergétique, le SDIE devient un levier pour réduire l’empreinte carbone des bâtiments publics, en ligne avec les objectifs du décret tertiaire. Ce dernier impose une réduction progressive des consommations énergétiques, incitant ainsi les collectivités à investir dans la rénovation énergétique.
  • Le respect des contraintes budgétaires : dans un contexte de budgets publics restreints, le SDIE permet de prioriser les investissements et de trouver un équilibre entre rénovation, entretien et désengagement immobilier.
  • La vision partagée et la coordination interne : un SDIE bien structuré permet de fédérer les différentes parties prenantes autour d’une vision commune, évitant ainsi les redondances d’investissements et assurant une cohérence dans les actions à mener.

 

 

Les quatre étapes clés pour réaliser un SDIE

Phase 1 : Évaluation du contexte

La première phase de la réalisation d’un SDIE consiste à évaluer le contexte dans lequel l’acteur public évolue. Il ne s’agit pas encore de se pencher sur les bâtiments en eux-mêmes, mais plutôt de comprendre les enjeux stratégiques de l’organisation.

 

A ce stade, il est crucial, de se poser les bonnes questions :

  • Quels sont les objectifs sociaux de l’établissement ? Ces objectifs influenceront directement les décisions immobilières.
  • Quelle est la situation financière ? Analyser les ressources disponibles est essentiel pour fixer des priorités d’investissement.
  • Quels résultats ont été obtenus lors des précédents projets immobiliers ? Tirer des leçons du passé permet d’ajuster les actions futures.

 

Cette phase introductive, relativement rapide, permet de définir 3 à 4 objectifs clés pour la gestion du patrimoine, comme la réduction des consommations énergétiques ou l’adaptation des espaces aux usages futurs.

 

 

Phase 2 : Le diagnostic multidimensionnel

La deuxième phase consiste à établir un diagnostic multidimensionnel des bâtiments. Ce diagnostic doit permettre de mieux comprendre l’état général du parc immobilier sans pour autant nécessiter un audit technique approfondi pour chaque bâtiment.

  • État technique : évaluer l’état des principaux composants (toiture, systèmes électriques, chauffage, etc.) afin d’identifier les éventuels besoins en investissements lourds.
  • Adéquation aux usages : il est primordial de vérifier si les bâtiments sont toujours adaptés à leur usage actuel. Certains peuvent ne plus être conformes aux besoins futurs, et dans ce cas, il est souvent plus pertinent de s’en désengager.
  • Analyse énergétique : mesurer les consommations énergétiques et l’impact carbone des bâtiments, éléments cruciaux dans un contexte de transition écologique.
  • Environnement du bâtiment : l’environnement immédiat du bâtiment doit également être pris en compte. Par exemple, un bâtiment situé dans un quartier mal desservi par les transports en commun pourrait ne pas être viable à long terme.

 

 

 

Phase 3 : Élaboration des scénarios d’actions

Sur la base du diagnostic, la troisième phase consiste à élaborer plusieurs scénarios d’actions stratégiques. Pour cela, les bâtiments sont classés par profils homogènes (par exemple, bâtiments énergétiquement performants mais mal situés, bâtiments vétustes mais bien adaptés aux usages, etc.).

 

Chaque bâtiment est évalué selon les actions possibles :

  • Réhabilitation pour les bâtiments nécessitant des travaux lourds ;
  • Cession pour ceux qui ne correspondent plus aux besoins ;
  • Petits travaux pour les bâtiments en bon état nécessitant de simples améliorations.

 

Ces scénarios sont ensuite chiffrés sur la base de ratios standards afin de comparer les coûts et les bénéfices. Plusieurs scénarios sont envisagés, et chacun est mesuré en fonction de son impact sur les objectifs (réduction des consommations, budget, etc.) pour sélectionner celui qui répond le mieux aux enjeux de l’organisation.

 

 

 

Phase 4 : Mise en œuvre et suivi

Une fois le scénario optimal sélectionné, la phase de mise en œuvre commence. Elle consiste à développer des plans opérationnels détaillés pour chaque action (plan de réhabilitation, plan de vente, plan de déconstruction, etc.).

 

Il est également crucial de mettre en place des indicateurs de suivi pour évaluer l’avancée des travaux et les résultats obtenus. Ces indicateurs incluent :

  • Taux de réalisation des travaux ;
  • Réduction des consommations énergétiques ;
  • Respect des budgets.

Ces outils permettent de suivre en temps réel la bonne exécution du SDIE et de réajuster les actions si nécessaire.

Afin de vous accompagner dans cette démarche, Novamap a réalisé ce template de SDIE. A travers les différents onglets et les exemples qu’il propose, ce document pourra vous aider dans la constitution de votre SDIE.

 

 

 

Les avantages d’un SDIE bien structuré

Un SDIE bien organisé offre plusieurs avantages considérables pour les acteurs publics.

 

Il permet déjà d’être proactif face aux projets des autres acteurs (publics ou privés) dans les mêmes zones, et d’anticiper les contraintes liées à la gestion des bâtiments.

Ensuite, il facilite la coordination de l’ensemble des services autour d’objectifs partagés, évitant ainsi les redondances et assurant une meilleure allocation des ressources. Un SDIE bien structuré permet également de concilier les objectifs de décarbonation et de maîtrise des consommations énergétiques, tout en respectant les contraintes budgétaires.

Enfin, que ce soit pour les usagers des services publics ou les employés travaillant dans les bâtiments, le SDIE garantit des infrastructures adaptées et durables.

 

Le Schéma Directeur Immobilier et Énergétique est donc un outil stratégique incontournable pour optimiser la gestion des patrimoines publics. Il permet d’anticiper les besoins, de mieux gérer les ressources, et de répondre aux défis croissants en matière de transition énergétique et d’optimisation budgétaire. Grâce à une planification bien structurée et à un suivi rigoureux, le SDIE constitue une approche efficace pour maximiser les investissements publics et améliorer la qualité des infrastructures publiques.

 

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